Pensée d’État et intérêt général

Chers collègues,

Une interview du constitutionnaliste Dominique Rousseau par Mediapart. Ses propos illustrent bien ce qui cloche avec les lois Bachelot et Touraine.

Extrait : “ Un autre élément très important de cette crise de régime est que ceux qui nous gouvernent sont enfermés dans ce que j’appelle une « pensée d’État ». Ce sont des énarques très compétents, mais formatés à penser les choses de la société à partir d’un a priori sur ce qu’est l’intérêt général. Ils estiment que les citoyens sont incompétents pour définir ce qu’est l’intérêt général de la société et jugent donc normal de définir eux-mêmes ce qu’il est. C’est une pensée tragique pour la France qui a aujourd’hui besoin d’une « pensée de la société. »

Les « gens » sont capables, si on les laisse s’exprimer et délibérer, de produire des règles, de trouver l’intérêt général. Ce ne sera sans doute pas le même que celui produit par la promotion Voltaire, mais ce sera à hauteur des expériences vécues par les gens. La démocratie n’est pas une question d’arithmétique, mais une question d’expériences de vie. Or notre société raisonne à partir d’une pensée d’État abstraite, au moment où elle a besoin d’une pensée des expériences.

Dans les dernières années, toutes les questions importantes ont été sorties non par des députés, mais par les lanceurs d’alerte. La société est capable de mettre sur la place publique non seulement les questions qui font problème, comme la santé, l’alimentation, le logement, mais elle est aussi capable de produire des réponses, d’imaginer des règles nouvelles pour l’intérêt général.”

Amitiés et bon courage.

Petite revue de presse de rentrée

Chers collègues,

Voici quelques références qui vous intéresseront peut-être.

– Comprendre la sérendipité, ou pourquoi, selon Balzac, « le hasard ne visite jamais les sots ».

– Pourquoi les employeurs financent-ils les assurances santé aux Etats-Unis ? Ce système paraît de plus en plus illogique selon U. W. Reinhardt, qui publie une tribune dans le NYT. C’est sans doute parce qu’il est illogique que ce système s’installe en France.

– Il faudrait donner aux brevets des nouvelles molécules une durée adaptée aux pathologies soignées, sinon les traitements dont les résultats ne peuvent s’évaluer qu’à long terme ne feront jamais l’objet de recherches pharmaceutiques (voir ici).

– Excellente tribune de J.-P. Vernant sur le prix des médicaments (voir ici pour les USA).

– Les données personnelles deviennent un marché en pleine expansion (voir ici ou ), y compris les données personnelles utilisées pour prévoir la consommation de soins (voir ici) ou les données de santé, avec la vogue du moi quantifié (voir ici).

– Les données de santé française visées par les « statactivistes », les industriels et assureurs : quelques éléments du débat, et une réforme en vue à travers la loi de santé, dangereuse pour la confidentialité et le secret médical (Données de santé projet de loi sante août 14). Aux Etats-Unis, certains s’y intéressent aussi, comme J. Bush, président d’Athenahealth, dans The Atlantic.

– Le fameux impact factor vit-il ses derniers moments et va-t-on s’intéresser au contenu des articles pour évaluer les chercheurs ? Dans son remarquable blog consacré à l’édition médicale et scientifique, Hervé Maisonneuve invite à signer laDeclaration on Research Assessment, comme l’ont fait de nombreux chercheurs ainsi que l’INSERM et le CNRS.

– Une fois publiés, certains résultats sont (re)revus par les pairs, et les éventuelles erreurs rapidement débusquées et dénoncées sur Internet (voir ici).

– Pour The Lancet,  le classement des meilleurs hôpitaux des USA nous interroge surtout sur les pires. Aux USA toujours, pays où on gagne plus à gérer les soins qu’à les dispenser (les médecins y ont des rémunérations inférieures à celles des « managers »), un étudiant en médecine veut s’attaquer à un médecin ultra-médiatique, le Dr Oz, dont les avis ne sont pas toujours très pertinents (voir ici). Il aurait de quoi faire ailleurs aussi.

Obamacare : accusée d’être un « job killer », la réforme du système de santé américain a au contraire accéléré la création d’emplois dans le secteur de la santé, selon Forbes ; l’effet sur le pourcentage de non-assurés est déjà important, comme l’indique P. Krugman, qui, plus généralement, dans une tribune intitulée « Zéro sur six » constate que les prévisions des adversaires de l’Obamacare ne se réalisent pas.

– Les médecins évalués et étoilés comme les hôtels et les restaurants par des patients plus ou moins objectifs, voire rétribués : voir ici.

L’atlas démographique 2014 du conseil de l’ordre des médecins donne notamment les effectifs de chaque spécialité, leur répartition géographique, par mode d’exercice, et la pyramide des âges.

– Le rapport intégral de l’Inspection générale des finances sur les professions réglementées mediapart.fr/files/RAPPORT_…

– Restons mesurés face aux promesses des Big Data, ou mégadonnées en bon français (ici pour la prévision pas toujours fiable des épidémies de grippe, ici pour les essais cliniques en Angleterre facilités par les données détenues par le NHS,  pour aider les étudiants en difficulté), et face à celle de la e-santé (ici pour un panorama général, pour un exercice concret avec le m-patient hypertendu).

– Transparence et accès au dossier médical : attention à ce que vous écrivez, nous met en garde The Economist.

– Quelques réflexions éclairantes sur l’art de diriger (1, 2 et 3).

– Mauvais management : l’art de mal gérer son temps ou de compliquer ce qui est simple. Faut-il interdire les réunions et supprimer les niveaux intermédiaires inutiles ? The Economist redécouvre la lune. Bien payer ses employés et les laisser travailler tranquillement, sans les surveiller comme le lait sur le feu, reste ce qu’il y a de plus efficace, selon Le Monde.

– La coordination des soins réelle et efficace passe avant tout par la communication de médecin à médecin, et non par des usines à gaz technocratiques, comme le montre le cas décrit par le Dr M. J. Press dans le NEJM.

– Comment allouer les ressources en santé, entre décisions politiques et médecine fondée sur les preuves (voir ici) ?

 – La rémunération à la performance ne fait pas la preuve de son utilité à long terme (42 mois) selon une étude menée en Angleterre sur 34 hôpitaux ayant participé au programme de rémunération sur indicateurs de qualité et 137 hôpitaux constituant le groupe contrôle (voir ici).

– Le retour à l’équilibre du CHU de Brest passe par le gel d’une vingtaine de postes de praticiens hospitaliers, selon le Quotidien du Médecin. Plus globalement, selon la FHF, en 2013 les comptes des hôpitaux publics vont encore se dégrader, et lessuppressions d’emploi sont encore au programme pour 2015. Par ailleurs, l’ATIH vient de publier un rapport montrant le peu de fiabilité des états des prévisions des recettes et des dépenses (EPRD) et des plans globaux de financement pluriannuel (PGFP) des établissements publics de santé pour la période 2008-2012.

 – La future loi de santé (loi Touraine) ne soulève aucun enthousiasme chez les représentants des médecins hospitaliers (voir ici et ). Le Mouvement de défense de l’hôpital public n’est pas en reste. Nous y reviendrons.

– Et toujours l’opposition entre la médecine de papier, celle des bureaucrates, et la médecine de terrain, celle des cliniciens, des soignants et des patients (voir letexte d’Elie Azria sur la standardisation du soin médical, et le formidable blog de notre consœur Armance sur l’évaluation standardisée).

Amitiés, bon courage et excellente rentrée !

Public versus privé selon l’ATIH

POUR INFORMATION CES ECHANGES SUSCITES PAR UN ARTICLE DU QUOTIDIEN DU MEDECIN SUR LE RAPPORT DE L’ATIH CONSACRE AUX COUTS MOYENS DES SOINS DANS LE PUBLIC ET LE PRIVE

De : GRANGER Bernard
Envoyé : mardi 22 juillet 2014 10:57
Objet : RE: public versus privé selon l’ATIH

Bonjour,

J’ajoute à ce que dit Jean-Pascal que l’analyse du QdM ne précise pas qu’il s’agit du coût moyen de la prise en charge des pathologies (GHM) médicales et chirurgicales, mais ce ne sont pas les mêmes pathologies ! Les comparaisons GHM par GHM fournies dans ce rapport, sans analyse approfondie cherchant à expliquer les différences, montrent des écarts beaucoup plus faibles. La page 93 (annexe 5) montre que le privé est concerné par 697 GHM et le public par 2072 GHM. Il faut également préciser que les missions de l’hôpital public et celles des établissements privés ne sont pas les mêmes.

Ces comparaisons comparent ce qui n’est pas comparable, et sont exploitées pour attaquer l’hôpital public.

De : Jean-Pascal Devailly [mailto:jpdevailly@gmail.com]
Envoyé : mardi 22 juillet 2014 08:43
Objet : Re: public versus privé selon l’ATIH

Essayons de situer cela dans une campagne de propagande bien orchestrée par des appareils idéologiques bien huilés.

La prise en charge, deux fois plus chère à l’hôpital qu’à la clinique, selon l’ATIH

C’est le modèle de la comptabilité hospitalière, et le management qui en découle qui sont vicieux, mais il faut prendre le temps de le démontrer. 

Ainsi mal pensée, mal organisée et mal financée, la machine bureaucratique à guérir et à se foutre de l’assistance publique ne peut que s’autodétruire.

Le nouvel enjeu en santé est cure et care à la fois et non pas cure contre care, soins contre social, différenciation technique contre intégration des soins en prétendant faire le contraire!

N’oublions pas Tocqueville: en période de disette, l’art de l’ajustement consiste à séparer les “malheurs immérités” à “assurer” des “infortunes que le vice a produit”, à “assister”.
21 milliards d’économies à trouver sur la Sécurité sociale : quelles pistes pour maîtriser les dépenses sans trahir l’esprit de l’Etat-providence

Attention, cet article soutient le managed care à la sauce hollandaise. L’Institut Montaigne et Bébéar ne sont pas loin. (Plus sur l’Institut Montaigne)

Médecine privatisée vs. “Obamacare”

Ce qui est intéressant ici, c’est que les docteurs refusent de dissocier exécution et conception. De fait il faut savoir articuler marché des besoins, des talents et des payeurs.

Citer cet article après avoir promu Jean-Pierre Escaffre et sa critique de la marchandisation assurantielle, que nous partageons d’ailleurs pour beaucoup d’entre nous, peut paraître provocateur ou inconséquent. Néanmoins, il est incontestable que notre modèle de technocratie pseudo-marchande est incapable de faire se rencontrer les besoins, les compétences clés, l’organisation et les financements; là dessus la critique des libéraux contre les défaillances de la bureaucratie sanitaire restent fondamentalement justes.

D’un autre coté, critiquer la T2A et ses GHM par “cas” à court terme pour proposer d’enfermer les malades dans des “groupes homogènes de parcours”, nouveau rêve des actuaires des assurances cachées derrière les think tanks qui les portent aux nues, c’est tomber de Charybde en Scylla. Dans tous les cas on individualise le risque, au profit des assureurs qui veulent prendre de le contrôle de l’organisation et des compétences, inévitablement au nom de process de production qui dissocient conception et exécution.

Le parcours est la nouvelle arme idéologique des assureurs! Le parcours est ne nouveau concept attrape-tout de l’action publique, nul n’étant défenseur de parcours chaotiques.

Ce qu’il faut c’est restaurer confiance, responsabilité et liberté au niveau des micro-systèmes cliniques, au contact du public. Cela n’exclue pas, au niveau “méso” des départements à taille humaine, à délégation réelle et dont la conception serait enfin cohérente avec ses micro-systèmes. L’ennemi n’est pas la T2A qui n’est qu’une très mauvaise clé de répartition, mais beaucoup plus fondamentalement la direction par objectifs top down (macro), les gestion par les résultats (méso) qui a justifié l’organisation divisionnelle en pôles et la comptabilité basée sur l’activité qui reconfigure les processus sur des modèles de coûts séparant par construction ce qui relève de l’assurantiel et de l’assistantiel (micro) engendrant ainsi cynisme et désarroi pour les acteurs du soin.

Si nous sortons à la fois du culte de l’Etat scientiste jacobin et de l’autre de la divinisation du marché efficient, il vient qu’il faut guérir notre système de la maladie managériale décrite par François Dupuy dans “Lost in management”. Elle touche tout autant institutions publiques et entreprises privées: le reporting contre-performant par ses coûts et sa chronophagie et la loi de Goodhart, l’obsession du risque comptable, le couple infernal intégration -processus, la médecine actuarielle dénoncée par Skrabanek (“la fin de la médecine à visage humain”).

Il faut peut-être avant tout comprendre que vouloir en même temps fixer arbitrairement des enveloppes globales de protection sociale et mesurer les coûts de prestations définies comme “pertinentes” selon les payeurs, ne peut fonctionner que sur des modèles de production et de “résultats” construits non en fonction des besoins (ou de la “demande” exprimée aux professionnels si on préfère ce terme) mais en fonction des contraintes imposées à l’action publique par l’ajustement en contexte de rationnement. C’est pourquoi définir la santé de façon holistique et new age comme bien-être économique et social permet de passer la main des professionnels opérationnels aux experts des politiques publiques.

 

Dire non, c’est déjà agir

 Chers collègues,

Dans sa dernière édition, The Economist commente les effets de la crise financière de 2008 sur les dépenses de santé des pays de l’OCDE : ralentissement de la croissance des dépenses de santé, qui repartent à la hause depuis 2010, les dépenses privées plus que les dépenses publiques, mais sans atteindre (encore) le taux de croissance d’avant la crise. Ce ralentissement des dépenses a eu des conséquences variables mais souvent négatives sur l’état de santé des populations.

En écho à cette analyse globale, deux dépêches locales : l’une sur le rejet par le conseil de la Cnamts du rapport charges et produits 2015. “Dire non, c’est déjà agir”, disait Camus. La politique du rabot ne passe pas. La copie doit être revue.

L’autre sur les difficultés budgétaires de la Ville de Paris, à l’heure où se profile une gabegie d’argent public en raison du maintien coûte que coûte du projet Faugère-Hirsch-Hidalgo pour l’Hôtel Dieu. On annonce 170 M€ d’investissement pour ce projet de la direction générale de l’AP-HP soutenu par la Mairie de Paris et dont le contenu paraît toujours aussi peu convaincant, pour ne pas dire nébuleux. Autant de moins pour les hôpitaux qui ont réellement besoin d’investissement. Dans le compte rendu du dernier bureau de la commission médicale d’établissement (CME) de l’AP-HP, on peut lire : Inscrit dans les investissements lourds à hauteur de 170 M€, le nouvel Hôtel-Dieu accroît la perplexité des praticiens, exprimée lors du bureau de la CME : la priorité sanitaire de ce projet médical, encore imprécis, autorise-t-elle à envisager une dépense de cette importance quand un effort d’économies sans précédent est imposé aux hôpitaux français ?” That is the question.

Amitiés et bon courage.

Classements et déclassements

Chers collègues,

En 2000, l’Organisation mondiale de la santé avait classé les systèmes de santé de tous les pays du monde à partir d’estimations portant sur l’année 1997. La France était arrivée en tête de ce classement pour la performance globale de son système de santé et les Etats-Unis au 37e rang (voir pages 174-177 du document). Ce classement a été fortement critiqué en raison du peu de fiabilité des données utilisées et de la méthodologie retenue. La première place de la France tenait au fait que dans les domaines évalués elle se plaçait bien sans jamais être en tête, alors que les résultats de autres systèmes de santé des pays comparables étaient moins homogènes. L’OMS a depuis renoncé à établir un tel classement, jugeant que cette approche était réductrice. Elle se contente de fournir des statistiques sanitaires. On peut consulter par exemple celles parues en 2013 et 2014.

D’autres organismes internationaux sont des sources précieuses d’informations, comme la Banque mondiale, qui produit des données pour tous les pays du monde, et l’OCDE (voir ici le Panorama de la santé 2013).

Il faut citer aussi le rapport du Haut conseil de la santé publique (HCSP) La santé en France et en Europe : convergences et contrastes. Paru en 2012, il compare la France aux autres pays européens à partir de 88 indicateurs, les European Community Health Indicators (ECHI). Pour sa part, le Health Consumer Powerhouse publie régulièrement un classement des systèmes de santé européens. Son Euro Health Consumer Index 2013 classe la France en 9e position, alors qu’elle était 8e en 2012, 7e en 2009.

Le Commonwealth Fund de son côté se consacre surtout à l’étude du système de santé américain, notamment les disparités entre Etats (voir ici son dernier rapport sur l’évolution des indicateurs sanitaires dans les différents Etats des USA), mais il confronte également le système de santé américain à ceux des autres pays développés. Il vient récemment de comparer les performances de 11 pays développés et, selon ses critères, il a classé le système de santé du Royaume-Uni en tête, la France en queue, devant seulement le Canada et les Etats-Unis. Comme le remarque ironiquement le Financial Times (The ‘best’ health care is not always the one that keeps us alive), tout dépend des critères mis en avant : le système anglais ne fait pas trop mal pour ce qu’il coûte, en revanche la France se distingue par ses bons résultats sur la mortalité évitable et la sécurité des soins, et par ses mauvais résultats sur les délais d’attente et l’accès aux soins.

Dans notre pays, cette publication n’a pas fait les grands titres et a été quasiment passée sous silence. En revanche, elle a retenu l’attention de la presse américaine (voir par exemple ici ou ) et anglaise (voir par exemple ici ou ). Cette dernière relaie aussi les alertes lancées notamment par les professionnels de santé sur les périls qui guettent le National Health Service, qui subit la réorganisation la plus profonde depuis sa création en 1948. Le Guardian publie sur son site cent témoignages qui ne sont pas sans rappeler nos préoccupations.

Dans la préface du rapport du HCSP cité ci-dessus, nous lisons ce sage avertissement : “La clarté de la présentation, l’intérêt des résultats, l’attirance quasi ludique que nous avons tous pour les classements ne doivent pas, néanmoins, nous conduire à trop facilement méconnaître les écueils d’une lecture trop simpliste de ce travail. Quels sont-ils ? Si l’ensemble des indicateurs ECHI est clairement défini au niveau de la Communauté européenne, les systèmes d’information qui permettent de les renseigner dans chacun des Etats ne sont pas standardisés ni exempts de biais. Il faut donc savoir lire les résultats avec un minimum de prudence, sans exagérer la signification précise d’un classement. […]Un dernier mot encore : la lecture passionnante de ce rapport favorise la nécessaire prise de conscience que nous ne sommes ni seuls au monde ni les plus privilégiés. En matière de santé, la France est aujourd’hui un pays moyen”, parfois meilleur que certains autres mais pas toujours.”

Amitiés et bon courage.

Un peu de documentation

Chers collègues,

Veuillez trouver ci-dessous une sélection d’articles de la presse nationale et internationale.

Amitiés, bonne lecture et bon courage.

______________________________________________________________________________________________________

La politique de santé et son financement

Quelques idées pour changer le mode de financement des hôpitaux

            http://pharmanalyses.fr/?p=5424&preview=true

La langue fleurie des bureaucrates de santé…

            http://www.lalettredegalilee.fr/le-retour-rate-du-service-public-territorial-de-sante/

… qui devraient lire le NEJM

            http://blog.santelog.com/2014/05/09/hopital-la-reorganisation-des-soins-viendra-de-linterieur-nejm/

Comptes des hôpitaux en France : la DGOS est contente, les hôpitaux et les malades souffrent, et cela ne va pas   s’arranger avec le plan d’économies…     

            http://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/0203526264014-les-comptes-des-hopitaux-de-nouveau-deficitaires-674261.php

…  de 3Md€

            http://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/0203509637020-marisol-touraine-prepare-l-hopital-a-un-plan-d-economies-drastique-672250.php

Le tarif journalier de prestation des hôpitaux est  fixé arbitrairement et varie considérablement d’un hôpital à l’autre

            http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/05/22/20002-20140522ARTFIG00334-moins-un-hopital-est-efficient-plus-la-note-est-salee-pour-le-patient.php

            http://www.lesechos.fr/economie-france/social/0203511617166-hopitaux-cliniques-ce-que-paient-vraiment-les-patients-672821.php

            https://destinationsante.com/hopital-public-des-restes-charge-tres-inegaux.html

Le prix des médicaments en général, celui du Lucentis en particulier

            marsadhoc.blogspot.fr/2014/05/juste-prix-des-medicaments-pour-une.html?m=1

            http://www.lesechos.fr/monde/europe/0203530860250-entente-illicite-rome-reclame-1-2-milliard-d-euros-a-novartis-et-a-roche-674642.php

            http://www.lejdd.fr/Societe/Sante/Avastin-Lucentis-la-collusion-par-e-mails-661561

            http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/05/07/22312-dmla-nouvel-obstacle-medicament-moins-cher

Complémentaires santé : hausse continue des cotisations en vue

            http://m.lesechos.fr/redirect_article.php?id=0203193337301

Opacité des frais de gestion des mutuelles et assurances complémentaires

            http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/04/24/complementaires-sante-l-opacite-bien-orchestree-des-frais-de-gestion_4406590_3224.html

En Belgique, les hôpitaux ne se portent pas très bien                                 

            http://www.lesoir.be/534833/article/economie/2014-05-02/hopitaux-belges-au-bord-faillite

            http://www.rtl.be/videos/video/489961.aspx?bcsi_scan_628cd39dca2568d2=MVP7als6l/LGvNmE/tjAnfh7/xwFAAAAjwXMMQ==&bcsi_scan_filename=489961.aspx

No siempre lo peor es cierto

            http://spanishnewstoday.com/-madrid-health-minister-resigns-as-hospital-privatisation-plans-stall_19353-a.html#.Uu7Airu9Kc2

Quelques situations locales ou particulières

Le docteur Tanquerel, ancien responsable du DIM de l’hôpital de Saint-Malo, a dénoncé les pratiques antidéontologiques de la direction de son hôpital. Le manager en chef de cet établissement a cru bon de l’assigner en référé au tribunal correctionnel et a voulu faire interdire le livre du Dr Tanquerel intitulé Le Serment d’Hypocrite. Le 30 mai dernier, l’hôpital de Saint-Malo a été débouté de ses demandes. De quoi calmer les ardeurs liberticides de certains managers.

            http://www.ouest-france.fr/dossiers-medicaux-le-serment-dhypocrite-2361013

            http://www.ouest-france.fr/le-dr-tanquerel-assigne-en-refere-paris-2556600

A l’hôpital de Saint-Maurice, les tensions sont fortes, mais pour d’autres raisons

            http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualite/hopital/hopitaux-de-saint-maurice-la-tension-reste-vive?ku=8C5vwDxz-z5A8-y7Cw-xzz9-E7av957AwB6x

Le CHU de Caen n’est pas non plus sorti de ses difficultés

            http://www.lejdd.fr/Societe/Sante/Enquete-sur-le-CHU-de-Caen-un-hopital-en-crise-664580

A Bordeaux, un service tout neuf voit son ouverture différée faute de moyens

            http://www.egora.fr/sante-societe/hopital/180624-un-service-flambant-neuf-mais-pas-dargent-pour-payer-les-medecins

Le placard doré de certains directeurs d’hôpitaux

            http://mobile.lemonde.fr/politique/article/2014/03/22/ces-preretraites-tres-confortables-reservees-aux-hauts-fonctionnaires_4387734_823448.html

Big pharma

Evolution des stratégies industrielles et de recherche des grands laboratoires pharmaceutiques

            http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(14)60798-4/fulltext

            http://www.economist.com/news/business/21602689-why-row-over-giant-drug-company-takeovers-misses-point-pharmed-out

            http://www.theguardian.com/business/2014/apr/27/biological-drugs-big-pharma-healthy?CMP=twt_gu

Des souris et des hommes

            http://www.nature.com/news/preclinical-research-make-mouse-studies-work-1.14913

Big data

Les risques de l’Open data

            http://data.blog.lemonde.fr/2014/04/17/donnees-publiques-et-personnelles-quels-sont-les-risques/

            http://www.bfmtv.com/video/bfmbusiness/it-for-business-lhebdo/big-data-au-coeur-de-transformation-banques-elias-baltassis-01business-12-04-1-4-190499/?bcsi_scan_43167910db6ab4d9=V5ZwJqn60kR6hP/5+MDKjDPb6PoDAAAAOw5TDg==

Quels indicateurs pour évaluer la qualité des soins ?

            http://www.economist.com/news/international/21595474-improve-health-care-governments-need-use-right-data-need-know

“DocAdvisor” bientôt inévitable ?

            http://jeanyvesnau.com/2014/04/29/il-est-grand-temps-les-medecins-meritent-detre-notes-comme-des-hotels-restaurants/

Université

La bibliométrie pour les nuls

            http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2014/02/les-scientifiques-qui-utilisent-la-bibliom%C3%A9trie-devraient-consulter-les-bibliom%C3%A9triciens.html?utm_source=feedburner&utm_medium=twitter&utm_campaign=Feed%3A+ClubDesMedecinsBlogueurs+%28Club+des+M%C3%A9decins+Blogueurs%29

Le classement des établissements d’enseignement supérieur est-il sérieux ?

            http://focuscampus.blog.lemonde.fr/2014/03/08/les-classements-et-pourquoi-il-faut-sen-mefier/

Les universités à l’âge des Massive Open Online Courses

            http://www.economist.com/news/finance-and-economics/21595901-rise-online-instruction-will-upend-economics-higher-education-massive

            http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2014/04/03/l-universite-2-0-avenir-de-la-fac_4395132_1473692.html

Tourisme médical

Médecine sans frontières ou l’avenir incertain du tourisme médical

            http://www.economist.com/news/international/21596563-why-health-care-has-failed-globalise-m-decine-avec-fronti-res?fsrc=scn%2Ftw%2Fte%2Fpe%2Fmedecineavecfrontieres

Le marché hospitalier asiatique en pleine expansion

            http://www.economist.com/news/business/21602220-hospital-companies-prepare-meet-surging-demand-health-care-asia-call?frsc=dg%7Cc

La santé outre-Manche…

La réforme du NHS à la croisée des chemins

            http://www.economist.com/news/britain/21599822-governments-reforms-nhs-are-viewed-its-biggest-failure-they-are-better?frsc=dg%7Cc

            http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/apr/22/nhs-contracting-disaster-commissioners-simon-stevens

Une réforme peu favorable aux malades mentaux

            http://www.theguardian.com/society/2014/mar/21/inside-uk-mental-health-crisis-people-will-die?CMP=twt_fd

La valeur des petits hôpitaux de proximité soulignée par le patron du NHS

            http://www.bbc.com/news/health-27631081

Selon le NICE, pas moins d’une infirmière pour huit patients

            http://www.theguardian.com/society/2014/may/09/hospitals-need-thousands-extra-nurses-or-patients-safety-at-risk

            extrait :

            “A 1:8 ratio still means that the nurse only has seven and a half minutes per patient per hour, which is too little. If it’s more than eight then patients won’t get fed, care plans won’t get written, and nurses can’t sit and talk to patients and reassure them about their condition. Care just won’t be given to a proper standard, and patients can die,” said Osborne, a former director of nursing at St Mary’s hospital in west London.

            Eight should be the absolute maximum number of patients a nurse should have to care for but “if you get to that level it’s bordering on unsafe care”, so ideally the ratio should be 1:4 or 1:6, she added.

Big data, big brother, big police

            http://www.theguardian.com/society/2014/feb/06/police-backdoor-access-nhs-health-records

            extrait :

            A Department of Health spokesperson said: “There are strong legal safeguards in place to protect patients’ confidentiality. If

people do not want their data to be shared, they can speak to their GP and information will not leave the surgery. Any release   of identifiable data without consent would only be in a very limited number of exceptional circumstances, where there is a clear basis in existing law – such as for the police to investigate a serious crime.”

… et outre-Atlantique

Obamacare : le financement privé en sort renforcé

            http://www.economist.com/news/business/21591858-fuss-over-obamacares-teething-troubles-obscuring-bigger-story-investors-american

Obamacare : un premier bilan des souscriptions plutôt satisfaisant

            http://www.nytimes.com/interactive/2014/01/13/us/state-healthcare-enrollment.html

Obamacare : évaluer son succès par la mortalité évitable

            http://www.nytimes.com/interactive/2014/05/19/health/rating-a-health-laws-success.html?emc=eta1

Quelques graphiques comparant le système de santé américain à ceux des autres pays

            http://mha.gwu.edu/u-s-health-care-vs-world-infographic/

En deux minutes, pourquoi il vaut mieux un système à un seul payeur qu’à plusieurs milliers de payeurs (aux EtatsUnis, pour trois médecins, il y a deux personnels administratifs chargés de la facturation ; la complexité du système et la multiplicité des acteurs entraînent des frais de gestion allant de 15 à 30% du total des dépenses de santé)

            http://www.vox.com/2014/4/9/5595476/take-two-minutes-to-become-an-expert-in-single-payer

Quand les hôpitaux deviennent aussi des assureurs, les primes grimpent

            http://www.nytimes.com/2014/05/26/upshot/when-hospital-systems-buy-health-insurers.html?partner=rss&emc=rss&smid=tw-nytimes&_r=0

Un nouveau venu dans le monde des assurances santé

            http://www.economist.com/news/business/21600147-attempt-change-americas-most-arcane-industry-better-geek-guide-insurance?frsc=dg%7Cc

Le service des urgences le plus fréquenté de New York (1 170 938 venues en 2013)           

                http://www.nytimes.com/2014/05/29/nyregion/lincoln-hospitals-emergency-room-may-be-new-york-citys-busiest.html?partner=rss&emc=rss&smid=tw-nytimes&_r=0

Le scandale des soins aux anciens combattants

            http://www.nytimes.com/2014/05/30/us/doctor-shortages-cited-in-va-hospital-waits.html

            extraits :

            A subsequent investigation by the Department of Veterans Affairs concluded last fall that indeed the Jackson hospital did not have enough primary care doctors, resulting in nurse practitioners’ handling far too many complex cases and in numerous complaints from veterans about delayed care.

            The inspector general’s report also pointed to another factor that may explain why hospital officials in Phoenix and elsewhere might have falsified wait-time data: pressures to excel in the annual performance reviews used to determine raises, bonuses, promotions and other benefits. Instituted widely 20 years ago to increase accountability for weak employees as well as reward strong ones, those reviews and their attendant benefits may have become perverse incentives for manipulating wait-time data, some lawmakers and experts say.

La carotte, le bâton et la joie de bien faire, le témoignage d’un médecin américain d’origine indienne

            http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/feb/22/obamacare-reform-doctors-lost-sense-of-purpose?CMP=twt_gu

            extrait :

            In 1949, Harry F Harlow, Professor of Psychology at the University of Wisconsin, argued for a third drive – intrinsic motivation – the joy of the task itself. Daniel Pink focuses on this drive and elegantly demonstrates that for most complex tasks (what could be more complex and human than the practice of medicine?), intrinsic motivation is a much more powerful drive than   any external motivator. A key part of this motivator is purpose. “The most highly motivated people,” Pink writes, “not to mention those who are most productive and satisfied – hitch their drives to a cause larger than themselves.” In other words, economic incentives alone do not cause individuals to perform complex tasks better. This is arguably the best evidence-based advice for physicians as well as health planners today.

Limite des infirmiers cliniciens comme premier recours

            http://www.nytimes.com/2014/04/30/opinion/nurses-are-not-doctors.html?_r=0

10 à 30 % de soins inutiles aux USA… Combien en France ? (il y a l’overuse, mais n’oublions pas le misuse et l’underuse)

            http://healthaffairs.org/blog/2014/04/25/when-less-is-more-issues-of-overuse-in-health-care/

            http://www.viva.presse.fr/un-tres-grand-nombre-examens-sont-inutiles-selon-le-pr-didier-sicard-du-comite-national-ethique

Le dossier médical informatisé n’avance pas aux USA non plus

            http://www.medicalnewstoday.com/articles/254887.php?utm_content=buffer6f244&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer

Et pour finir, quelques rapports parus ces derniers mois

            Statistiques sanitaires mondiales 2013 de l’OMS

            Rapport de l’OCDE sur la stagnation des dépenses de santé depuis 2009

            Rapport Devictor sur le service public territorial de santé (âmes sensibles s’abstenir)

            Rapport de la Cour des comptes sur la dette des établissements de santé

            Rapport de la FHF sur l’attractivité des carrières hospitalières

            30 propositions du CISS pour “améliorer la santé de tous

            Rapport sénatorial sur la protection des données personnelles dans l’open data

            Rapport sénatorial sur la fiscalité comportementale et la santé publique

Tribune Grimaldi/Vernant sur Mediapart et l’actualité en images

Chers collègues,

Merci de trouver ci-dessous le lien pour lire la tribune dans Mediapart des professeurs André Grimaldi et Jean-Paul Vernant, “Réduire les dépenses de santé… en les privatisant”.

http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/270514/reduire-les-depenses-de-sante-en-les-privatisant

Ci-dessous, l’actualité en quelques illustrations (merci à ceux qui ont transmis certains de ces dessins).

Amitiés et bon courage.

La loi Touraine va modifier la gouvernance hospitalière

(le crash hospitalier)

 crash hospitalier

Serons-nous encore plus infantilisés qu’avec la loi Bachelot ?

 queue de Mickey

Le dernier comité de direction au siège de l’AP-HP

 éthi-économie

Pour en finir avec les médecins mercenaires

(dessin pouvant être colorié par nos managers)

 nouveau modèle financier

L’insoutenable légèreté des bureaucrates

 reunionite

Pour terminer, une petite leçon de statistique pour bien

comprendre l’erreur de type I et celle de type II

 erreur de type I et II

Robin du Bois de Boulogne

Chers collègues,

Vous trouverez ci-dessous le mél du président de la CME de l’AP-HP au sujet de l’hospitalisation d’un émir dans une aile du service d’orthopédie de l’hôpital Ambroise Paré la semaine du 8 mai dernier, la réponse du directeur général à ce mél. Deux documents ayant pour objet l’accueil des patients étrangers dans nos hôpitaux sont consultables : l’article du Parisien du 10 août 2012 et le diaporama présenté en CME en février 2013.

Cette affaire, qui s’ajoute à d’autres, appelle plusieurs questions et suscite plusieurs remarques.

Nos points de vue sont loin d’être unanimes, sont-ils pour autant irréconciliables ? Notre déontologie nous fait le devoir de soigner tout patient, sans la moindre discrimination. Le cas de l’émir d’Ambroise Paré est hors norme, d’une légalité douteuse, excessif, choquant : huit ou neuf lits (selon les sources, le nombre n’est pas le même) pour un seul malade, des travaux et des aménagements express, des réservations de places de parking, une administration qui accepte tout et se comporte avec servilité, etc. On se demande quels sont les textes établissant un tarif pour des personnes bien portantes occupant une chambre d’hôpital et ne recevant aucun soin (un texte de Jules Romains probablement), quel a été le montant exact de la facture (le chiffre de 270 000 € a circulé, mais l’AP-HP dit que la somme a été inférieure à 200 000 €). Comment, si cette aile devait être fermée une semaine entière, a-t-on pu trouver le personnel pour qu’elle reste ouverte dans des conditions exceptionnelles pour un seul malade et sa suite ? Certains collègues témoignent que des patients ayant eu besoin d’un lit en orthopédie pendant cette période n’en ont pas eu. Cela n’a rien d’étonnant : nous refusons des patients tous les jours faute de place.

Pourquoi, quand nous demandons pour nos services le moindre équipement, les moindres travaux, il faut attendre des semaines, des mois ou des années, et pourquoi dans ce cas tout et tout de suite ?

Enfin, comment ne pas déplorer une fois de plus la communication verbeuse et intempestive de la direction générale, qui a ranimé dimanche dernier des braises en train de s’éteindre ?

” La médecine c’est ingrat. Quand on se fait honorer par les riches on a l’air d’un larbin, par les pauvres, on a tout du voleur “,  écrivait L.-F. Céline. La France a résolu la question par une solidarité des bien portants à l’égard des malades, et par des cotisations et contributions plus fortes pour les plus aisés, ce qui aboutit à des soins accessibles et de qualité à peu près équivalente pour tous : les performances de notre système de santé sont globalement plutôt bonnes (notons au passage que ce système est menacé).

L’égalité est une des valeurs ancrée au cœur de la mentalité française et du pacte républicain, même si certains sont plus égaux que d’autres (on est égalitaire surtout pour les autres, les privilèges abondent et sont jalousement défendus, l’égalité des conditions conduit au totalitarisme, l’égalité des chances doit être défendue car elle est de plus en plus bafouée).

On ne voit pas pourquoi il faudrait refuser d’accueillir les patients étrangers attirés par la qualité et la renommée des équipes soignantes et des médecins français. Ne convient-il pas de le faire, non dans des conditions de soins et d’hébergement spécifiques et dérogatoires, mais dans des conditions décentes et confortables, comme cela devrait être le cas pour tout patient dans l’idéal ?

Nous n’avons pas encore réussi à définir précisément les règles à suivre pour l’accueil de ces malades. L’expérience Globmed par exemple est un four. L’argument des recettes potentielles est à prendre en considération, mais tout n’est pas bon pour “racler du fric”. La tarification pour les patients étrangers n’est pas adaptée. Les tarifs demandés pourraient être établis en fonction de la nature des actes mais aussi en tenant compte des prix pratiqués dans les autres pays développés, et non selon des tarifs fixés arbitrairement par l’ARS et variant considérablement d’un établissement à l’autre. Enfin, avant de rêver à des profits mirifiques, des efforts restent nécessaires pour que les dettes très élevées de plusieurs pays étrangers soient honorées.

Amitiés et bon courage. 

________________________________________________________________

De : CAPRON Loic
Envoyé : mercredi 21 mai 2014 13:35
Objet : Riches patients étrangers payants

Chères et chers élus de la Commission médicale d’établissement de l’AP‑HP,

Dans un article intitulé « Un brancard en or pour un émir », Le Canard enchaîné du 14 mai nous révélait l’extravagant séjour d’un riche étranger dans le service d’orthopédie d’Ambroise Paré : 8 chambres immobilisées pendant 8 jours autour du pont du 8 mai, moyennant une facture qui frise les 200 k€.

Le Journal du Dimanche du 18 mai publiait un article « Soins aux émirs : Martin Hirsch “assume” » ; notre directeur général y déclare notamment : « À l’AP‑HP, en en débattant avec la communauté médicale, nous avons décidé de ne pas dépasser un taux de 1% [de patients étrangers payants avec supplément tarifaire de 30%] pour éviter de créer des interférences avec notre mission première de service public. […] J’assume ce côté “Robin des Bois” : à un moment où nous avons besoin de tous les moyens pour soigner les plus modestes, où nous devons maîtriser nos dépenses tout en innovant, gagner de l’argent sur ces patients qui en ont les moyens, cela ne me choque pas ».

Comme président de la CME ayant exposé mon point de vue en août 2012 (v. article du Parisien en pièce jointe) et mené le débat sur ce sujet lors de la réunion plénière du 12 février 2013 (http://cme.aphp.fr/les_diapos_cme/diapos_cme_12_02_2013), je ne confirme pas cette position de la communauté médicale.

J’ai donc écrit à M. Hirsch le matin du lundi 19 mai, après avoir vu passer des échanges de messages sur mon téléphone la veille :

« N’ayant pas lu l’article du JDD dont vous parlez, je ne puis répondre à votre commentaire [celui que vous adressez au chef de service concerné, lequel vous a remercié pour votre intervention dans le journal]. Je verrai la manière dont vous y avez présenté l’opinion de la CME qui, à ma connaissance, reste très divisée sur l’accueil lucratif des riches patients étrangers. Personnellement, j’ai toujours été opposé à ce qu’on leur réserve des conditions particulières de soins et d’hébergement. Cela va à l’encontre de ma conception du service public hospitalier. Même si ça nous rapporte de l’argent, un riche émir qui se réserve une salle entière de l’hôpital Ambroise-Paré sort totalement des clous qu’il me semble raisonnable d’imposer à la médecine hospitalière républicaine. Gagner des sous ne peut jamais tout justifier, même quand on est dans le besoin. »

Je suis resté sur cette ligne lors des deux échanges que j’ai eus depuis avec notre directeur général : réunion de cabinet du 18 mai et directoire du 19 mai.

Étant donné l’ampleur que l’affaire prend dans la presse et dans l’opinion, j’ai estimé ne plus pouvoir rester silencieux et devoir vous rappeler mon point de vue.

Je suis disposé à recevoir vos réactions.

Merci et bien cordialement,

Pr Loïc Capron
président de la commission médicale d’établissement
de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris

01 40 27 37 91

http://cme.aphp.fr/

________________________________________________________________

Mesdames, Messieurs,

Vous avez été destinataires d’un mail du président de la CME, que celui-ci m’a communiqué, au sujet du patient hospitalisé à Ambroise Paré dans des conditions particulières.

Je précise qu’il ne s’agit pas d’une demande que l’administration aurait formulée ou initiée, mais du souhait d’une équipe médicale que l’Administration de l’hôpital a accompagné.

Je n’ai pas pour principe de me désolidariser de décisions prises au niveau d’une équipe hospitalière appliquant les règles qui ont été énoncées par l’Institution, d’où le terme « assumer » que j’assume.

Cet épisode, y compris les débats qu’il a suscités, aura probablement servi à démontrer notre attachement aux valeurs de service public, à son excellence, à sa réputation et à sa capacité à s’adapter à des situations parfois particulières, sans perdre le sens de l’intérêt général.

Martin Hirsch

Directeur général

Le travail des soignants n’est pas à la fête

Chers collègues,

Comment en est-on arrivé là ? Comment en est-on arrivé à ce qu’un fichier clandestin, illégal, infâmant et bourré d’erreurs fabriqué dans un de ses hôpitaux soit approuvé par la direction générale de l’AP-HP ? Comment se fait-il que les coupables de cette ignominie soient soutenus par leur hiérarchie et soient encore en place ? Comment se fait-il que la ministre de la Santé n’ait pas immédiatement condamné cette pratique délictueuse et dégradante ? Oui, comment en est-on arrivé là ?

Heureusement, deux syndicats nationaux de praticiens ont sauvés l’honneur au nom de notre indépendance professionnelle et de notre éthique : Avenir hospitalier, qui a révélé le fichier pompidolien dans son communiqué du 10 avril dernier, et le SNAM-HP, dont le récent communiqué rappelle que l’administration et les directeurs d’hôpitaux n’ont ni la légitimité ni les compétences pour évaluer les médecins : ce type d’évaluation comptable et réductrice constitue un abus de pouvoir et il est potentiellement dangereux pour les patients. Il faut saluer aussi l’attitude du président de la CME de l’AP-HP qui a souligné le caractère illégal et non déontologique de ce fichier. D’autres réactions syndicales sont attendues.

Notre collègue Jean-Pascal Devailly nous livre certains des ressorts de cette incroyable affaire, loin d’être isolée. Vous verrez sa critique de la bureaucratie sur son blog.  Ce flicage indigne est la partie émergée et honteuse de l’iceberg managérial installé à travers le monde et que la technocratie sanitaire française, toujours très originale, est si fière d’avoir mis en place, le symptôme d’une maladie plus profonde parfaitement diagnostiquée et que les pouvoirs publics laissent se développer en toute bonne conscience.

Amitiés, et bon courage.

La multiplication des affaires de fichiers crée un climat oppressant dans les hôpitaux

Chers collègues,

Après le fichier illégal assorti d’un mél désobligeant de Mme Costa, directrice de l’hôpital européen Georges Pompidou (plainte pénale en cours), voici le fichier aussi illégal que scandaleux de l’hôpital Robert Debré.

On peut lire ceci dans le Canard Enchaîné paru ce jour “« Le Canard » a mis son bec dans une liste comportant 43 noms d’auxiliaires de puériculture et d’aides-soignants de la maternité. Daté d’octobre 2013, le document, intitulé «Equipes des auxiliaires de maternité », fait le point sur l’organisation du service. A la page 6 figure un tableau, avec le nom des agents, leur fonction et leur temps de travail. S’y ajoute une coquetterie : chaque nom est surligné d’une couleur, jaune, bleu foncé, turquoise, gris ou rose. Et ce n’est pas pour faire joli… Le jaune désigne les «leaders négatifs », le bleu foncé les « comportements négatifs », le turquoise les agents « sociables », le rose les « experts », et le gris la «minorité silencieuse ». On remarque la sophistication des appréciations portées à l’hôpital Robert Debré. Madame Costa se contentait du jaune pour les chirurgiens “faiblards” et du bleu pour les “corrects”. Plus loin, un agent témoigne : “La direction nous a expliqué que ce document était un outil de management qui n’aurait jamais dû fuiter. » Outil de management !

Par ailleurs, d’autres fichiers suscitent préoccupations et interrogations : à Brest, à Cochin, à Sainte-Anne. En réalité il y en a partout.

Que fait l’ARS, que fait la ministre devant ce flicage aussi illégal que diffamatoire de l’administration hospitalière de l’AP-HP ? Auront-elles le front de couvrir ces “outils de management” comme le fait la direction générale de l’AP-HP ?

Amitiés et bon courage.