Chers collègues,
Les modifications législatives introduites par la loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) de 2009 et celles envisagées par le projet de loi sur la modernisation de notre système de santé actuellement discutées à l’Assemblée nationale ne sont pas à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes confrontés. Les gouvernements successifs imposent des mesures de replâtrage et de contrôle entraînant une prise en charge des soins de moins en moins solidaire et le développement d’une bureaucratie inefficiente. Ces évolutions déclassent notre système de santé. Elles sont souvent dictées par des intérêts particuliers et par des vues technocratiques bornées. De plus, sous l’influence de divers lobbies, les élus ne prennent pas les mesures de santé publique utiles à la collectivité.
Pour imposer ces réformes inadaptées, le pouvoir politique s’ingénie à diviser les acteurs en opposant les malades aux médecins, les soins de ville aux soins hospitaliers, le public au privé, les salariés aux libéraux… La Sécurité sociale est entretenue artificiellement en déficit dans un but de disqualification, ce qui fraie un chemin favorable aux assurances complémentaires, pourtant moins équitables et plus coûteuses.
Le système de santé reçoit des injonctions paradoxales : on lui demande toujours plus en restreignant ses moyens. Placés au service des comptes plutôt qu’au service des malades, privés du temps nécessaire à l’accomplissement de leurs missions, ses acteurs déplorent un manque de reconnaissance et ressentent une perte de sens.
Aucune réflexion n’est menée en profondeur pour assurer le financement de notre système de santé à long terme. Toute discussion publique des principes sur lesquels notre organisation sanitaire doit se fonder est étouffée.
Le temps est venu de mettre les questions de santé au centre du débat politique, sous le double signe de la solidarité et de la liberté. Réuni dans ce but le 11 mars dernier, un collectif informel et très divers a élaboré une Charte pour une santé solidaire (texte intégral ci-joint).
La charte défend notamment une formation à la santé dès le plus jeune âge, l’accès effectif aux soins à tarifs opposables, l’indépendance professionnelle des soignants, l’équilibre financier de la Sécurité sociale, dont la place doit être réévaluée, y compris comme possible assurance complémentaire, le tiers payant si le malade le souhaite, une régulation économique et médicale fondée sur le juste soin au moindre coût pour la collectivité, la diversité des modes de rémunération des professionnels de santé, le libre choix du médecin et de l’établissement de soins par les malades.
Parmi les nombreux signataires de cette charte se trouvent des usagers, des soignants – médecins et non-médecins, de toutes formes d’exercice et de toutes générations –, des responsables administratifs, des sociologues, des économistes, des chercheurs (voir la liste des premiers signataires et la revue de presse sur le site du MDHP).
La Charte pour une santé solidaire a fait l’objet d’un sondage réalisé les 2 et 3 avril derniers par Odoxa, à la demande de France Inter, du Figaro et de la MNH, sur un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Les résultats de ce sondage montrent que les personnes interrogées plébiscitent les principales dispositions de la charte, y compris celles qui peuvent demander des sacrifices, et que 73 % des personnes interrogées souhaitent que la charte devienne une référence pour guider les réformes du système de santé (voir l’intégralité du sondage ici).
Le travail préliminaire du 11 mars va se poursuivre et des mesures concrètes prolongeant la charte seront proposées d’ici quelques mois dans la perspective des prochaines échéances électorales, et tous ceux qui le souhaitent peuvent nous rejoindre pour prendre part à cette réflexion.
Signer et faites signer la Charte pour une santé solidaire (pour signer c’est ici).
Prenons en main l’avenir de notre système de santé.
Amitiés et bon courage.